10 mai 2021 | Par Anne-Marie Tremblay - 37e AVENUE

Travail autonome : apprendre à vivre avec l’insécurité

Les travailleurs autonomes voguent de contrat en contrat, jusqu’au jour où il y a un creux de vague. Comment composer avec les hauts, mais surtout les bas?

« Avant tout, il faut déterminer la raison de son insécurité. Est-elle financière? Avez-vous peur de ne plus avoir de clients? En déterminant l’origine de l’insécurité, on peut s’attaquer aux bons enjeux », explique Sara Gilbert, stratège d’affaires et coach.

Elle cite en exemple les travailleurs qui œuvrent dans un domaine saisonnier. Ils doivent structurer financièrement leurs affaires pour passer à travers la disette en basse saison. « On suggère de mettre automatiquement de côté un certain pourcentage de ses revenus pour les taxes, les impôts et les dépenses courantes. Cela permet d’avoir des liquidités quand arrive la période creuse. »  Il faut alors calculer la portion de revenus à mettre de côté pour avoir des fonds dans son compte toute l’année et être plus serein face à l’avenir.

Véronique Mariève Gosselin, directrice régionale de l’École des entrepreneurs du Québec (ÉEQ) — Campus Bas-Saint-Laurent, croit en fait qu’il s’agit d’une bonne habitude à prendre pour tous les travailleurs autonomes. En effet, personne n’est à l’abri d’une baisse de contrats. « Cela exige de la discipline, mais si l'on met par exemple systématiquement 10 % de ses revenus de côté, cela nous permet de voir venir. » Un coussin est également utile pour s’offrir des vacances, selon Mme Gilbert.

En mode développement

Peur de ne pas avoir assez de clients? C’est peut-être le signe qu’on néglige son développement d’affaires, pense la coach. Une erreur fréquente, surtout quand on est débordé. « Le risque, c’est de se retrouver devant rien à la fin de ses mandats. Et c’est là qu’on panique. » Même quand ses semaines sont bien remplies, il est important d’allouer au moins une ou deux heures à son horaire aux activités de démarchage.

Bien entendu, la stratégie sera différente si l'on croule sous les contrats. « Dans ce cas, il n’est pas nécessaire de faire de la sollicitation directe, mentionne Mme Gosselin. Mais il faut quand même être présent, se faire voir en participant à des 5 à 7, des formations ou en publiant sur les réseaux sociaux. » Elle suggère également de maintenir les liens avec ses clients, pour que les contacts soient plus faciles en période de ralentissement.

Si le boulot vient à manquer, Véronique Mariève Gosselin conseille cette fois d’appeler sa clientèle pour savoir quel est leur plan de match et vérifier si certaines occasions se profilent. « Cela prend beaucoup de courage, mais on peut aussi leur demander s’ils ne connaissent pas d’autres personnes qui pourraient avoir besoin de leurs services. En général, les gens veulent nous aider. » Et le fait d’être référé peut ouvrir bien des portes.

Profiter de la pause

Malgré tous les efforts, il est difficile d’avoir une stabilité constante dans ses contrats. Mais il ne faut pas s’accabler pour autant. « C’est normal qu’il y ait des hauts et des bas. Il faut s’y attendre et s’y préparer psychologiquement », explique Véronique Mariève Gosselin. Pour éviter d’être pris de court, la directrice générale de l’ÉEQ conseille de noter toutes les activités qu’on repousse à plus tard dans un document. « Cela fait en sorte que, quand c’est un peu plus tranquille, on se rappelle qu’on voulait développer un service, un produit ou acquérir de nouvelles compétences. »

Pour Sara Gilbert, ces périodes creuses constituent aussi l’occasion de réfléchir à sa stratégie d’affaires. « On peut prendre le temps de revoir ses processus, sa structure ou son marketing, en créant un site web ou en rédigeant des billets de blogue. » De même, c’est un bon moment pour former un réseau d’alliances stratégiques avec d’autres travailleurs autonomes qui proposent des services complémentaires aux nôtres. Une façon de diversifier ses activités et de rafler plus de contrats.

« Si je suis bien structurée financièrement, si mon développement d’affaires s’effectue en continu, je vais apprécier ces périodes plus calmes », ajoute-t-elle. Pour la coach, il s’agit donc du moment idéal pour prendre soin de son entreprise et de… soi. Un équilibre difficile à atteindre, mais essentiel pour les travailleurs autonomes.

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