Se préparer à rebondir après un temps mort
En tant que travailleur autonome, il est inévitable de connaître un creux de vague de temps à autre. Inutile de s’apitoyer sur son sort, cette période de ralentissement peut constituer l’occasion d’améliorer la suite des choses.
« Qu’il soit lié à un manque ou une perte de contrats ou encore à la pandémie, un creux de vague nous touche d’abord comme personne, avant de nous affecter comme professionnel — et quelle qu’en soit la cause, ça fait aussi mal », observe Bernadette Petitpas, CRHA, coach certifiée et cofondatrice de Krôma conseil et coaching.
« La première des choses, c’est donc de voir la situation telle qu’elle est et de l’accepter, poursuit-elle. Ensuite, c’est de se demander quelle personne on a envie d’être et comment on fait pour transformer cette difficulté en quelque chose de positif. Enfin, il faut agir pour atteindre cet objectif, quitte à le découper en plusieurs petits morceaux pour s’encourager. »
Ainsi, après avoir perdu un gros contrat récurrent peu avant qu’un autre soit mis sur pause par la pandémie, la journaliste indépendante Pascale Guéricolas a choisi de s’investir dans un projet qu’elle caressait depuis longtemps : une exposition sur le thème de l’immigration. « Je n’aurais jamais eu le temps de m’y consacrer si mes autres contrats s’étaient poursuivis », constate-t-elle.
Cette exposition a aussi contribué à la décision de la pigiste de Québec de s’inscrire au Certificat en immigration et relations interethniques à l’Université du Québec à Montréal. « Même si j’ai beaucoup couvert ces sujets comme journaliste, il me manquait des connaissances théoriques, explique l’étudiante à distance. Je me suis dit que c’était important que j’en apprenne davantage, entre autres d’un point de vue juridique. »
« Profiter d’un creux pour apprendre en fonction de ce qu’on veut devenir comme professionnel — et comme personne — est une bonne idée », dit Bernadette Petitpas. Elle précise que les occasions d’apprentissage ne sont pas uniquement scolaires. « Il y a les livres, une foule d’articles accessibles en ligne ou encore les échanges avec nos proches et nos pairs », illustre-t-elle. Le moment est tout indiqué pour réfléchir aux changements à apporter à son produit, par exemple.
Prendre soin de soi
Bernadette Petitpas rappelle aux travailleurs autonomes momentanément à l’arrêt qu’il est également important de se demander ce qu’ils peuvent faire pour mieux prendre soin d’eux. « Les travailleurs autonomes qui offrent des services sont leur propre outil, donc ils doivent se sentir bien et avoir une solide estime de soi afin d’établir un lien de confiance avec leurs clients. »
Pour Gabrielle, organiste et mère de trois jeunes enfants, cela s’est notamment traduit par des séances de répétition. « Après des mois confinés à la maison — les lieux de culte ont été fermés le 15 mars 2020 —, aller m’exercer toute seule à l’église et essayer de nouvelles pièces était une échappatoire psychologique », assure-t-elle.
La musicienne souligne cependant qu’elle a surtout occupé cette période creuse avec des activités qui lui procurent du plaisir. « J’ai appris à faire du vin, ma famille se prépare à avoir un poulailler urbain et récemment, j’ai recommencé à aller nager, énumère-t-elle. Tout ça est très bon pour ma santé mentale. »
« Idéalement, l’objectif n’est pas seulement de remonter la pente, c’est aussi de se servir du creux de vague pour aller vers autre chose d’encore mieux », conclut Bernadette Petitpas.
Retour