Revenir au travail après une dépression

Un retour au travail après un arrêt lié à la santé mentale comporte son lot de défis. Voici les conseils d’experts pour un retour en douceur.

Revenir au travail après un congé de maladie n’est jamais facile. On se sent rouillé. C’est normal. « Un des principaux défis est de reprendre le rythme. On a l’impression de rouler à zéro et de retourner sur l’autoroute », relate Mylène Grégoire, CRHA, coach d’affaires et coauteure du livre À la santé de votre retour au travail!

« Il y a aussi une question de crédibilité. Un arrêt de travail pour épuisement professionnel ou dépression n’est pas toujours bien vu. Beaucoup de préjugés y sont encore malheureusement rattachés. Les employeurs et les clients se demandent si l’on va être capable de supporter la charge de travail et le stress. Ils risquent de réserver les projets plus difficiles à d’autres parce qu’ils doutent de nos capacités », ajoute-t-elle.

La tâche est encore plus ardue pour les travailleurs autonomes, qui doivent rebâtir la clientèle perdue pendant leur absence. Dans ce contexte, Mélanie Grégoire, coauteure et sœur de Mylène Grégoire, suggère de choisir ses clients judicieusement avant de se lancer.

« Il faut cibler les meilleurs, ceux avec qui l'on aimait travailler et avec qui l'on partage des valeurs communes. Ceux qui nous siphonnent? On les oublie! Plus on a d’énergie, moins on risque de retomber en burn-out », souligne la conseillère en réintégration professionnelle.

Un retour en douceur…

Jacques Coderre Lareau, CRHA et conseiller en développement organisationnel, rappelle que se sentir à plat après un retour au travail pour dépression est normal. Pour cette raison, il suggère de recommencer ses activités graduellement, et de prendre des pauses quand la fatigue se fait sentir. « Une blessure physique peut requérir des mois d’entraînement. C’est la même chose avec une blessure psychologique. Parfois, ça fait mal! Il faut avoir de la compassion envers soi-même. La forme va finir par revenir », assure le coach.

« Il faut continuer de prendre soin de soi, mais aussi se faire confiance, et comprendre que, parfois, c’est en étant inconfortable qu’on s’améliore. Il faut se pousser, mais pas trop, pour éviter de se blesser de nouveau. On cherche à trouver un équilibre », poursuit-il.

Saisir l’occasion

Un arrêt de travail peut d’ailleurs être une bonne occasion de rajuster sa routine quotidienne et d’adopter de nouvelles habitudes plus saines, fait valoir Mylène Grégoire. « C’est l’occasion de repartir à neuf. Certains vont choisir de faire de l’exercice ou méditer. Peu importe! L’important est de ne pas s’oublier », dit-elle.

Pour y parvenir, l’auteure conseille de se traiter soi-même comme on traiterait notre meilleur client. « J’invite les gens à agir comme s’ils étaient la personne la plus importante du monde. Il faut apprendre à mieux nous écouter, anticiper ce qu’il nous faut, et devenir notre meilleur allié », résume-t-elle.

Le retour au travail après un congé de maladie comporte de nombreux défis, reconnaît Mylène Grégoire, mais elle croit que c’est aussi l’occasion de croître sur le plan personnel. « Les gens en arrêt de travail développent beaucoup de compétences : de l’empathie et de la résilience, par exemple. On peut finir par découvrir beaucoup de choses sur soi pendant cet arrêt, et même en profiter pour recommencer une nouvelle vie, plus compatible avec nos valeurs », estime-t-elle.

Surmonter ce genre d’obstacle nous laisse aussi mieux équipés pour l’avenir, selon l’auteure. « C’est dans l’adversité qu’on évolue. Les épreuves sont dures sur le coup, mais on en ressort deux fois plus fort », affirme-t-elle.