Reconnaître ses forces au travail afin de rehausser son bien-être
L’idée peut paraître contre-intuitive, mais pour accroître son bien-être en tant que travailleur autonome, il est préférable d’investir dans ses forces plutôt que de vouloir à tout prix « corriger ses faiblesses ».
Pour être bien dans sa peau, l’humain a besoin de se sentir compétent. C’est un besoin psychologique inné et universel, présent dans tout type d’activité, explique Jacques Forest, CRHA, professeur à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal.
« Personne ne se lève le matin avec le désir de subir des échecs au travail, illustre-t-il. L’humain est orienté vers le succès. Quand on se fixe des objectifs, on veut les atteindre. S’il y a des obstacles sur notre chemin, on veut les surmonter. Ça répond à un besoin de compétence. »
Pour se sentir à la hauteur, deux options sont possibles : travailler sur ses faiblesses ou exploiter ses forces. La première est énergivore. « Les faiblesses, ce sont les tâches qui nous demandent plus d’effort, mais dont les résultats sont souvent mitigés », explique le professeur.
La seconde option est plus séduisante. Dans leur recherche, Jacques Forest et son équipe ont montré qu’une personne qui utilisait ses forces augmentait ses chances de ressentir du bien-être « hédonique » (de passage) et du bien-être « signifié » (sentiment que notre existence a un sens).
Un effet positif a aussi été observé sur la vitalité des participants, ainsi que sur leur capacité à entrer dans des épisodes de flow. « Si vous utilisez vos principales forces souvent, longtemps et intensément, résume le professeur, cela risque d’augmenter votre plaisir, votre bien-être et votre productivité au quotidien. »
Se connaître afin de faire les bons choix
Pour utiliser ses forces le plus souvent possible, encore faut-il les connaître. « J’ai remarqué que les personnes qui ont un manque de confiance en elles ont parfois plus de mal à déterminer leurs forces ou leurs compétences », note Francesca Lungescu, psychologue et coach de carrière.
Dans cette situation, la psychologue propose à ses clients de faire un bilan de carrière visant à cerner leurs principales forces, leurs compétences, leurs valeurs et leurs champs d'intérêt. Elle les amène aussi à réfléchir à leurs réalisations, aux types de personnalité avec lesquelles elles aiment interagir et à l’emploi idéal qu’elles aimeraient occuper.
« Pour prendre les bonnes décisions, à la base, il faut se connaître », rappelle-t-elle.
Évelyne, une rédactrice pigiste dans la trentaine, est l’exemple parfait d’une personne qui, en apprenant à se connaître, a su faire des choix stratégiques qui lui ont permis d’exploiter ses forces sans être constamment confrontée à ses faiblesses.
Elle vit avec une bipolarité et malgré un suivi médical rigoureux et beaucoup d’efforts consentis dans une bonne hygiène de vie, ce trouble lui donne des variations d’humeur, d’énergie et de concentration.
Pour mener ses mandats sereinement, elle sait qu’elle a besoin de calme et de temps pour prendre des pauses. C’est pourquoi elle a décidé de devenir travailleuse autonome. Elle peut mieux gérer son horaire et contrôler son environnement.
« Je suis lente dans la vie, mais vite sur un clavier et dans mes recherches, dit-elle. Mes forces sont le souci du détail, de la recherche et du français. Lorsque je trouve des contrats qui valorisent ces forces, je me sens sur mon X et j’éprouve du plaisir à apprendre et à être productive. »
« C’est bien de s’occuper de ses faiblesses, conclut Francesca Lungescu, mais c’est aussi important de développer ses forces. Une personne qui investit du temps pour corriger une faiblesse a le potentiel de passer d’une maîtrise mauvaise à moyenne. Or, une personne qui décide de développer un talent naturel a le potentiel d’atteindre un haut degré d’excellence. »
Quand une personne s’engage dans cette voie, elle nourrit son sentiment de fierté… et son besoin de compétence!
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