Mieux réagir face au stress
Bien qu’il ne jouisse pas d’une bonne réputation, le stress n’est pas mauvais en soi. C’est une réponse de votre corps à une situation « menaçante ». Votre rythme cardiaque augmente, vos sens sont en état d’alerte. Sans le stress, les chasseurs-cueilleurs qui ont vécu dans la préhistoire n’auraient pas pu survivre.
« Le stress m’indique qu’il y a quelque chose à laquelle je dois réagir : soit fuir, soit combattre ou m’adapter, explique la Dre Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue-clinicienne. Par contre, lorsqu’il atteint une certaine intensité ou encore s’il est provoqué par des situations anticipées, qui ne sont pas encore arrivées, il peut devenir envahissant. »
Comprendre vos stratégies d’adaptation
Afin de conserver, dans la mesure du possible, votre état de bien-être, vous adopterez des stratégies d’adaptation, c’est-à-dire des pensées que vous formulez et des comportements que vous avez lorsque vous êtes « confronté à une situation menaçante (stress) », indique le Centre d’études sur le stress humain.
Vouloir se sortir d’un bourbier est tout à fait normal, mais il se peut que la stratégie que vous préconisez ne soit pas adaptée et vous cause du tort à long terme. Il faut savoir qu’il y a autant de manières de réagir qu’il y a de gens. Il n’y a donc pas de marche à suivre unique, mais certaines réactions sont moins adaptées.
- Le déni ou la suppression : même si vous vous coupez de vos émotions, elles ne disparaissent pas. Elles risquent de vous submerger plus tard.
- Le débordement : à l’inverse du déni, vous vous agitez. Vous pouvez faire preuve d’impulsivité, entretenir des relations interpersonnelles conflictuelles ou être à la recherche de réassurance.
- L’anticipation : vous ruminez et vous échafaudez des scénarios pour des situations qui ne se sont pas encore produites.
Ces stratégies ont comme point commun de ne pas vous permettre de ressentir et de comprendre ce qui se passe quand le stress monte.
S’arrêter pour comprendre
Avant de pouvoir mettre en place une stratégie plus adaptée, vous devez cerner les situations dans lesquelles vos mécanismes s’enclenchent et observer ce qui se passe en vous. « Il faut ressentir l’émotion. C’est inconfortable, mais il faut s’y attarder », insiste la Dre Beaulieu-Pelletier.
Prendre contact avec votre corps permet aussi de canaliser et d’évacuer la pression. Vous pouvez par exemple vous arrêter et prendre quelques grandes inspirations, aller marcher ou bouger. Vous réduirez ainsi votre charge émotionnelle. « En s’exerçant, on développe peu à peu la capacité de tolérer et d’apprivoiser l’inconfort que le stress fait vivre. On réalise qu’on survit à l’émotion », dit la psychologue clinicienne.
Ensuite, poursuit la Dre Beaulieu-Pelletier, vous pouvez essayer de décrire vos émotions, d’en parler, de les comprendre. Vous serez alors plus en mesure de reconnaître les stratégies qui sont moins aidantes pour vous pendant les moments très stressants.
Des gestes à adopter au quotidien
N’attendez pas d’être à cran pour vous exercer. La Dre Beaulieu-Pelletier suggère de prendre un peu de temps chaque jour pour vous reconnecter à vos émotions. « L’exercice que je propose souvent, et qui peut sembler banal, est de se pratiquer tous les jours à voir comment on se sent. On commence par une ou deux minutes par jour. On s’arrête et l'on voit ce qui se passe en nous, ce qu’on est en train de vivre. Quels sont mes pensées, mes sensations physiques, mes souvenirs, mes images? Sans me juger, sans faire une analyse. » Vous pouvez ensuite augmenter progressivement la durée ou la fréquence de cette méditation. Vous acquerrez alors de la curiosité envers vous-même.
Prenez aussi le temps de revoir votre rythme de vie. Le plaisir a-t-il sa place dans votre quotidien? Vous allouez-vous suffisamment de temps pour des relations interpersonnelles significatives? Ou, pour citer Renée Ouimet, la directrice du Mouvement Santé mentale Québec, « est-ce que je tisse bien mon filet de sécurité social et personnel? Est-ce que ralentir le rythme, réfléchir différemment, permettrait de voir autrement? »
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