Détresse psychologique : quand faut-il demander de l’aide?
Depuis quelque temps, vous ne vous reconnaissez plus. Vos habitudes, votre humeur, vos comportements ne sont plus ce qu’ils étaient. Le creux de vague ne passe pas. Tout porte à croire que vous êtes en détresse psychologique. Quand devez-vous demander de l’aide?
Pour le Dr Jean-Christophe Durand, psychologue et conseiller au Groupe ProConseil, il y a plusieurs signes qui indiquent qu’il est temps de prendre la situation au sérieux. « Quand on est incapable de retrouver notre équilibre, qu’il y a une absence de bien-être qui perdure et qu’on ne trouve pas les moyens de retrouver notre santé psychologique, il faut consulter », dit-il.
Si un proche vous glisse qu’il ne vous reconnaît plus ou vous demande si vous allez bien, c’est une autre sonnette d’alarme. Et si des idées noires surgissent, vous devez agir sans tarder.
Vous êtes plongé dans une détresse psychologique quand les symptômes apparentés au stress et à l’anxiété durent plus de deux semaines. Cet état affecte votre bien-être physique, émotif, cognitif et comportemental. Vous réalisez alors qu’il est plus difficile d’accomplir vos tâches quotidiennes.
Or, il peut être dangereux de prendre la situation à la légère ou d’attendre que le temps arrange les choses, avise le Dr Durand. Il est important de calmer ce mal-être afin d’éviter de s’enfoncer davantage.
Encore des tabous
Pourquoi est-ce si difficile de demander de l’aide? « La santé mentale a longtemps été stigmatisée, et nous sommes encore porteurs de ce bagage social, explique la Dre Geneviève Beaulieu-Pelletier, psychologue clinicienne. Avec les gens institutionnalisés et les troubles mentaux, la santé mentale a eu très mauvaise presse. Ce n’est pas pour rien que je préfère parler de santé psychologique. »
Il reste donc du chemin à faire. C’est encore très ardu pour beaucoup de se confier et de nommer le malaise qui les habite. Ils croient encore, à tort, être seuls à vivre des épisodes de détresse, observe la Dre Beaulieu-Pelletier.
La pandémie de COVID-19 a toutefois eu un effet positif à ce chapitre. « Dans la dernière année, on a vu une ouverture de certaines personnes qui n’avaient jamais osé consulter, rapporte la Dre Beaulieu-Pelletier. Le fait que tout le monde vive la même situation, que ce soit normalisé, cela a été très positif pour les demandes d’aide. »
Par où commencer?
Une première étape, si vous vivez de la détresse psychologique, peut être de vous confier à un proche. Pour paraphraser le cinéaste Ingmar Bergman, « vos démons détestent le grand air ».
« L’anxiété a une emprise sur nous. C’est de l’anticipation de dangers, de malheurs, de situations négatives, mais de manière excessive. Ce n’est pas réel », explique le Dr Jean-Christophe Durand.
Si vous vous sentez trop vulnérable pour vous ouvrir à un proche, les lignes d’écoute peuvent représenter une solution. Elles offrent un soutien rapide et permettent de « ventiler » ponctuellement, ce qui, déjà, peut faire un grand bien. Elles peuvent aussi vous recommander des ressources et des organismes plus spécialisés en fonction de ce que vous vivez.
Bien sûr, la consultation d’un psychologue doit être envisagée si vous souhaitez obtenir un suivi personnalisé. L’Ordre des psychologues du Québec est la référence.
Il existe finalement des groupes de soutien pour ceux qui ne veulent pas nécessairement aller vers la consultation individuelle.
Quelle que soit la voie choisie, le Dr Jean-Christophe Durand insiste sur l’importance de demander de l’aide. « Quand notre fonctionnement est affecté de manière anormale et inhabituelle, il ne faut pas rester seul avec notre problème », dit-il.
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