28 mai 2021 | Par Anne-Marie Tremblay – 37e AVENUE

Continuer à travailler malgré une santé mentale vacillante

Stress. Surcharge. Déprime. Fatigue. Séparation. Les travailleurs autonomes ont beaucoup de pression sur les épaules et n’ont pas nécessairement les moyens de s’arrêter pour prendre soin de leur santé mentale. Comment garder le cap malgré la tempête?

Agir avant qu’il ne soit trop tard

Quand on traverse une période plus difficile, il faut apprendre à décoder les signes de stress et de fatigue. « Très souvent, les travailleurs autonomes les ignorent. Ils font de l’insomnie pendant trois jours et se disent qu’ils vont reprendre le sommeil manquant la semaine prochaine. C’est cependant cette accumulation qui peut nous amener des problèmes physiques ou psychologiques plus importants », insiste Ghislaine Labelle, CRHA, psychologue organisationnelle et fondatrice du Groupe Conseil SCO.

Difficultés à se concentrer ou à prendre des décisions, anxiété, insomnie et irritabilité sont des signes à ne pas négliger. Il vaut mieux agir rapidement pour éviter que la situation ne s’aggrave. « Il faut apprendre à respecter ses limites si l’on ne veut pas en payer le prix et tomber en épuisement professionnel ou en dépression », avertit Ghislaine Labelle.

« Vous devez aussi vous demander ce qui est important pour vous, comment prendre soin de vous et établir des règles pour protéger votre santé psychologique », conseille la psychologue organisationnelle. Ce qui peut vouloir dire ralentir quand le besoin s’en fait sentir. « Selon notre état de fatigue, on peut continuer à travailler en prenant plus de congés par exemple. »

De même, il est possible d’alléger son horaire en acceptant seulement les contrats les plus rapides ou en mettant de côté certaines activités, comme la prospection de clients, ajoute-t-elle. Autre solution : impartir une partie des tâches, comme la comptabilité. Bref, il est préférable de miser sur l’essentiel, le temps de se refaire des forces.

Garder l’équilibre

Pour passer au travers des périodes plus difficiles, il faut aussi prendre soin de soi. « C’est important de faire des choses qui nous font plaisir, comme une randonnée », précise Ghislaine Labelle.

En effet, quand ça ne va pas, on a souvent tendance à s’oublier, note pour sa part Marie-Pierre Caouette, coach et formatrice. « Par exemple, j’aime beaucoup commencer mes journées avec du yoga et de la méditation. Mais quand je me sens moins bien, je mets cette activité de côté. Et quand j’y reviens, je réalise à quel point mon énergie est différente ! » L’équilibre est donc la clé.

Les bienfaits du travail

Parfois, le boulot peut aussi être bénéfique pour conserver ses repères. C’est ce qu’a vécu Anne, une travailleuse autonome qui a traversé un divorce difficile après 18 ans de mariage. Maintenir ses activités professionnelles a été salutaire pour elle. « Oui, c’était plus compliqué de me concentrer et d’être efficace. Mais, quand tu travailles, tu penses moins à tes problèmes, tu te réalises et tu obtiens des résultats concrets. Cela te sort de l’ornière du négatif, même si cela demande beaucoup plus d’énergie », raconte-t-elle.

Toutefois, il ne faut pas tomber dans l’excès inverse, ajoute Anne. « Si tu te noies dans le travail pour oublier, ce n’est pas nécessairement la solution. Il faut trouver l’équilibre, le bon dosage et savoir s’écouter. » Il a donc fallu que la travailleuse autonome apprenne à se montrer bienveillante envers elle-même.

En effet, dans certains cas, le travail peut devenir une véritable bouée de sauvetage, confirme Ghislaine Labelle. « Cela permet de nous changer les idées, de prendre une distance par rapport à notre situation. Mais, tôt ou tard, ça va finir par affecter notre travail si l’on ne fait pas attention à nous. »

Consulter lorsque rien ne va plus

Si malgré toutes ces précautions les symptômes persistent ou s’aggravent, il faut consulter un professionnel. Et parfois, il n’y a pas d’autre solution que de s’arrêter, même si cela peut être difficile pour les travailleurs autonomes.

« C’est un peu comme si vous aviez la jambe cassée. Vous ne marcheriez pas dessus, illustre Marie-Pierre Caouette. Alors quand on souffre de problèmes de santé mentale, il faut se demander si c’est vraiment une option de continuer à travailler. Car si ce n’est pas le cas, cela pourrait avoir des conséquences plus graves à long terme. »

Un pensez-y-bien.

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