Comment les travailleurs autonomes peuvent-ils surmonter leurs doutes?
Un travailleur autonome peut entretenir des doutes. Est-il à la hauteur? A-t-il les compétences nécessaires pour répondre aux attentes de ses clients? Contrairement aux salariés, il n’a pas droit à une évaluation annuelle au cours de laquelle on lui explique ce qu’il doit améliorer. Comment peut-il surmonter ses doutes et avoir confiance en lui-même?
Ghislaine Labelle, CRHA, psychologue organisationnelle, médiatrice accréditée ainsi que fondatrice du Groupe Conseil SCO, est elle-même travailleuse autonome. Elle connaît très bien les doutes professionnels que peuvent vivre ceux qui, comme elle, travaillent à leur compte. « Malgré des années d’expérience, je doute encore parfois de mes compétences, confie-t-elle. Cela dit, avec le temps, j’ai su rendre mes doutes constructifs. » Comment?
S’informer auprès de sa clientèle
Penser qu’on n’en fait jamais assez, remettre en question ses capacités, se demander si l’on répond aux attentes des clients… Les doutes professionnels des travailleurs autonomes se déclinent de multiples façons.
Pour faire taire cette petite voix intérieure délétère, Ghislaine Labelle suggère de la confronter à la réalité. « À la suite d’un contrat, n’hésitez pas à questionner vos clients sur vos forces et vos faiblesses. Ont-ils eu un coup de cœur? Ont-ils détesté quelque chose? Vous saurez ainsi ce que vous gagnez à améliorer. »
« [Qui plus est], demander de la rétroaction à vos clients est une belle manière de démontrer qu’ils comptent pour vous et que vous êtes ouvert à la critique et, donc, prêt à améliorer vos produits et services », poursuit la spécialiste. Il est bien sûr possible de demander de la rétroaction autant sur papier que dans les réseaux sociaux, par courriel, par téléphone, en ligne ou en personne. « En analysant les commentaires récoltés, vous constaterez à quel point vous êtes souvent plus sévère envers vous-même que vos clients le sont envers vous », dit la médiatrice.
S’autoapaiser
Ce qui mène au point suivant : l’autocritique. « Souvent seuls responsables de leur succès professionnel, les travailleurs autonomes ont tendance à être très exigeants envers eux-mêmes et à ne retenir que les critiques négatives. Une manière d’être qui nourrit leurs doutes et leurs angoisses », explique Ghislaine Labelle.
Pour remédier à ce problème, la psychologue organisationnelle propose d’apprendre à se féliciter. « Vous faites un bon coup? Récompensez-vous! Et pour les critiques négatives, utilisez-les comme levier d’évolution, plutôt que de les ruminer à outrance. »
Solliciter l’appui de ses semblables
Une autre façon d’apaiser ses doutes est de les confier à ses semblables. « Sur les réseaux sociaux, il existe toutes sortes de groupes de travailleurs autonomes, affirme Ghislaine Labelle. Trouvez celui qui correspond le mieux à votre situation professionnelle et allez y partager vos difficultés. Vous verrez que vous n’êtes pas seul à vivre certains défis. »
Briser l’isolement entraînera de nombreux bienfaits, assure l’experte. « Vos doutes et vos craintes s’apaiseront, dit-elle. De plus, vous pourrez recevoir des conseils qui vous aideront à cheminer. »
Demander de l’aide professionnelle
Le soutien des semblables ne suffit pas? Ghislaine Labelle invite alors les travailleurs autonomes dans le besoin à se tourner vers de l’aide professionnelle, que ce soit vers un conseiller d’orientation ou vers un psychologue.
« Avec les conseillers d’orientation, vous ferez notamment un bilan de vos acquis et de vos compétences, ce qui vous permettra de voir plus clair dans votre carrière, mentionne-t-elle. Avec les psychologues, vous travaillerez plus largement, en sondant différents aspects de votre vie. »
Que vous consultiez ou non, Ghislaine Labelle se veut rassurante. « Si vous traversez une période de doutes, rappelez-vous les manières qui vous ont permis de traverser d’autres “zones de turbulences”. Cela vous fera prendre conscience de la nature temporaire de votre situation, en plus de vous donner confiance en vous. »
Autrement dit, les doutes font partie intégrante du parcours professionnel et de la vie en général. Aucunement synonyme d’imposture et d’incompétence, « ce sont des cadeaux de la vie qui nous forcent à nous arrêter pour mieux rebondir », atteste la psychologue organisationnelle.
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