26 mai 2021 | Par Maryse Boyce – 37e AVENUE

Anxiété : comment enrayer l’engrenage?

Catherine Lepage est illustratrice, autrice de nombreux livres et designer graphique au sein de la boîte Ping Pong Ping, qu’elle a fondée avec son conjoint. Elle connaît bien l’anxiété, qu’elle a vécue de près.

Cette artiste a même consacré un livre entier au sujet : Fines tranches d’angoisse. Elle y décortique avec humour et grand talent ses pensées anxieuses, ce qui les nourrit et ce qui l’aide à les dédramatiser. Le livre a remporté un fort succès et a été traduit en plusieurs langues, lui permettant de mesurer à quel point l’anxiété était répandue.

Depuis de nombreuses années, Catherine a mis en place une série de mesures pour tenir à distance la dépression et réduire le plus possible son anxiété. Et bonne nouvelle : ça fonctionne! « Je n’en fais presque plus », résume-t-elle avec une fierté palpable. Voici les éléments qui l’aident le plus.

Un cadre pour mieux vivre

Beaucoup associent le travail autonome à la liberté d’horaire et à l’absence de cadre. Pourtant, les journées de travail de Catherine Lepage suivent un fil aussi précis que régulier. Ce canevas stable l’aide à plonger dans la créativité requise par son travail, plutôt que dans l’angoisse. « Entre 16 h et 16 h 30, je finis ma journée. Je ne retravaille jamais le soir et j’évite tout ce qui stimule en soirée. » Sa façon de ne pas exciter son hamster créatif, puis de flirter avec l’insomnie, une alliée de l’anxiété. Un bon sommeil crée chez elle une protection importante contre l’humeur morose et les pensées intrusives.

Développer la musculature du non

Tout comme elle arrive à complètement décrocher de son travail le soir, Catherine Lepage a affiné avec les années sa capacité à refuser des contrats si le contexte n’est pas optimal, une saine habitude que les anxieux ont souvent du mal à acquérir. « Je ne veux pas me surcharger ni prendre le risque de me retrouver dans des conditions de travail désagréables, que ce soit le délai trop serré ou des clients avec qui je sens que j’ai moins d’affinités. »

Pour ceux qui auraient de la difficulté à suivre son exemple et que l’insécurité force à tout accepter, elle offre un précieux conseil. « Quand les conditions ne sont pas bonnes ou ne sont pas favorables, je pense qu’il mieux vaut perdre ces mandats-là que d’hypothéquer sa santé. »

Prioriser le plaisir

L’un des aspects centraux de la vie de Catherine Lepage est le plaisir, autour duquel s’articulent les décisions qu’elle prend, autant par rapport aux contrats qu’elle accepte ou refuse qu’aux projets de création qu’elle mène, ces derniers lui fournissant une importante dose de gratification et jouant un rôle essentiel dans son équilibre. « De me donner la permission de travailler [sur mes projets personnels], ça va m’apporter du plaisir qui va me permettre d’attaquer les autres mandats. »

La course, qui s’est substituée à un entraînement sur vélo d’exercice qu’elle faisait quotidiennement pour évacuer ses trop-pleins d’énergie, joue le même rôle. « Mon ancien programme d’exercice, c’était fonctionnel, mais ce n’était pas le fun à faire. Mais là, aller courir quand il fait beau, ça m’apporte un sentiment de liberté. Le bien-être est plus palpable, et ça a une influence directe sur mon moral. »

Comme une respiration

Le constat qui suit a émergé ces dernières années, à force de s’observer. « Je suis de plus en plus consciente que j’ai des cycles qui passent, que les états ne sont pas permanents. Les journées où je suis down, plus stressée ou plus anxieuse, je me dis que c’est temporaire. Je ne dramatise pas et je l’accepte. »

Un lâcher-prise qui fait du bien à celle qui s’inquiétait autrefois lorsqu’elle allait bien pendant une longue période, craignant qu’une descente d’égale durée suive inévitablement. « Ça varie, c’est comme une respiration : tu inspires, tu expires. Pour chaque mauvaise expérience, tu peux le voir comme l’expiration qui fait de la place pour la prochaine inspiration. Il faut accepter qu’il y ait des alternances. »

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